Chère Angevine

Publié le par La plume d'Aquilon

angevine

Angevine,


Voilà bien longtemps que nous sous sommes vus, entendus. Mais que le vent porte ma nouvelle jusqu'à toi, en espérant le jour des retrouvailles; de te lire serait déjà un grand bonheur.

Te souviens- tu de nos maraudes de jeunesse dans le bois de Sainte- Lilie?

L'Automne installait son tapis végétal, c'était la tiédeur de l'été indien. Les baisers s'apaisant, nous partîmes les coeurs joyeux jouer à trousse pinette, à en déranger les lapereaux, nous qui n'étions plus des lapineaux...Nos mains étaient inséparables, les renards avec leur queue en panache nous précédaient en jouant  galoupet à tout va.

Souviens toi, Angevine, à l'orée du bois, quand le ciel nous parachutait son brouillard, la faune s'enrhumait, la buse nous envoyait son pamtoiement mystérieux; on aurait dit une voix de fantôme sortant du château, proche de Sainte-Lilie. Dans le donjon nous étions bravaches; je te prenais dans mes bras comme un bébé, puis nous montions en haut de la tour du gué pour dominer la forêt; étions-nous les maîtres du monde pour quelques minutes?...
Sans se concerter l'un et l'autre, nous descendions quatre à quatre le pas de souris pour se retrouver sur le bord de la douve ; les grenouilles coassaient, les tourterelles s'évadaient, les tourtereaux s'entrelaçaient.

As-tu en mémoire ces scénettes que nous donnait Sainte-Lilie: le corbeau transportant sa brindille, le vent nous ouvrant sa fenêtre, la coccinelle dialoguant avec le grillon; celui-ci lui réclamait du bonheur. Le hululement du hibou se fondait avec le croassement du corbeau. A vive allure, des bruits de sabots s'approchèrent, devant nous , une harpaille de biches qui disparurent très vite, au loin sous les charmeilles, des petits culs blancs. J'ai le souvenir des lièvres sautillants pour éviter les dardières; au loin les fusils tonnaient la rébalade.

Angevine, as-tu ton cahier intime de cette époque?

Je me souviens quand tu étais assise sur le pont-levis, tu prenais des notes le long de ton bras; étaient-elles musicales? Ou était-ce des petits dessins qui flamboyaient l'automne au creux de ta main? Je n'ai jamais pu savoir.....

Vite, rapproche la bougie et l'allumette, fais les dialoguer, et quand la feuille sera remplie d'encre, confie-la à la colombe je l'attendrai nuit et jour, assis sur la margelle du puits.

Ah n'oublie pas de m'envoyer du rire.

 Je t'embrasse mon Angevine.
                                                                                
     

                                                                                                                                                                          La PlumeLa plume d'Aquilon-copie-1



Christian Dutasta©Propriété Intellectuelle Sécurisée

Publié dans Mes écrits

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E
<br /> C'est encore sublime, as tu écrit des livres, je vois la couverture de ce qui pourrai en être un, mais rien pour cliquer (rires) dessus....<br /> <br /> Merci de ces souvenirs réels ou imaginaires mais sublimes.<br /> <br /> Bisous d'EvaJoe<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Merci avec beaucoup d'émotion.<br /> La Plume;<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Souvenirs si bien contés que l'on oublierait presque toutes les années enfouies<br /> La poésie, si douce par ses mots rend au tableau amoureux un charme encore plus émouvant<br /> J'aimerais conter ainsi mais je n'ai ce pouvoir<br /> Bonne soirée et merci pour les commenatires sur mon blog<br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Un superbe texte dont j'aime énormément le style. je reviendrai donc, mais pour l'instant je vais encore me promener un peu sur votre blog.<br /> Amicalement<br /> Violette<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> Belle tourelle et beau poème de souvenirs enfouis<br /> <br /> <br />
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